« Composée de prêtres diocésains, la Compagnie, à la suite de saint Jean-Paul II, est appelée à contempler le Christ Grand Prêtre miséricordieux et son œuvre de Rédemption, qui s’actualise dans le mystère du sacrifice eucharistique. »

Extrait du charisme

Dans l’Écriture sainte

« Tout grand prêtre, en effet, est pris parmi les hommes ; il est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu ; il doit offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Il est capable de compréhension envers ceux qui commettent des fautes par ignorance ou par égarement, car il est, lui aussi, rempli de faiblesse ; et, à cause de cette faiblesse, il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés comme pour ceux du peuple. On ne s’attribue pas cet honneur à soi-même, on est appelé par Dieu, comme Aaron.

Il en est bien ainsi pour le Christ : il ne s’est pas donné à lui-même la gloire de devenir grand prêtre ; il l’a reçue de Dieu, qui lui a dit : Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré, car il lui dit aussi dans un autre psaume : Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédek pour l’éternité.

Pendant les jours de sa vie dans la chair, il offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect.

Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel, car Dieu l’a proclamé grand prêtre de l’ordre de Melkisédek. Sur ce sujet, nous avons bien des choses à dire, et elles sont difficiles à expliquer, puisque vous êtes devenus paresseux pour écouter. »

 Épitre aux Hébreux, 5, 1-11

Chez les Pères de l’Église

Mosaîque de l'abside - Basilique Santa Pudenziana de Rome
Mosaîque de l'abside - Basilique Santa Pudenziana de Rome

 

«  Nous avons vu le Prince des Prêtres venir à nous, nous l'avons vu et entendu offrir pour nous son sang. Nous le suivons, autant que nous le pouvons, nous prêtres, afin d'offrir le sacrifice pour le peuple encore qu'infirmes quant au mérite, cependant dignes de respect quant au sacrifice, car, encore qu'à présent le Christ ne paraisse pas offrir, cependant lui-même est offert sur terre car c'est le corps du Christ qui est offert. Bien plus : lui-même, manifestement, offre en nous, lui dont la parole consacre le sacrifice qui est offert. »

Saint Ambroise de Milan , docteur de l’Église -  Commentaire du Psaume Ps 38

 

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«  Il est devenu pour toujours le prince des prêtres, et nous a laissé la disposition du sacrifice que vous voyez, à savoir son corps et son sang. Son corps frappé par la lance, fit jaillir l'eau et le sang qui lavèrent nos péchés. Ce que vous découvrez dans le pain est pendu à la croix. Ce qui est dans la coupe à coulé de son côté. Les anciens sacrifices du peuple de Dieu, par leur variété multiple, ont annoncé l'unique sacrifice à venir. le Christ est en effet la brebis par l'innocence de son âme sans duplicité, et le bouc du sacrifice par sa ressemblance avec notre chair de péché. Et tout ce que les nombreux et divers sacrifices de l'ancienne aliance ont annoncé aboutit à cet unique sacrifice dévoilé par l'alliance Nouvelle. »

Saint Augustin, docteur de l’Église - Sermon aux néophytes  sur le sacrement de l'autel §2

 

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« La nuit même où il était livré, notre Seigneur Jésus Christ prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit et dit à ses disciples : Prenez, mangez ; ceci est mon corps. Ayant pris la coupe et rendu grâce, il dit : Prenez, buvez ; ceci est mon sang. Quand lui-même a déclaré, au sujet du pain : Ceci est mon corps, qui osera encore hésiter ? Et quand lui-même affirme catégoriquement : Ceci est mon sang, qui pourra en douter, et dire que ce n'est pas son sang ?

C'est donc avec une pleine conviction que nous participons à ce repas comme au corps et au sang du Christ. Car, sous la figure du pain, c'est le corps qui t'est donné ; sous la figure du vin, c'est le sang qui t'est donné, afin que tu deviennes, en participant au corps et au sang du Christ, un seul corps et un seul sang avec le Christ. C'est ainsi que nous devenons des "porte-Christ", son corps et son sang s'étant répandus dans nos membres. De cette façon, selon Saint Pierre, nous devenons participants de la nature divine. [...] »

Saint Cyrille de Jérusalem, Docteur de l'Église

Au cours des siècles...

saint Fulgence de Ruspe (462 ou 467 - 1er janvier 527 ou 533)
saint Fulgence de Ruspe (462 ou 467 - 1er janvier 527 ou 533)

« La Sainte Trinité, Dieu unique du nouveau et de l'ancien Testament, prescrivait à nos pères de lui offrir en sacrifice la chair des animaux. Ces animaux préfiguraient l'offrande très agréable de ce sacrifice que l'unique Fils de Dieu devait offrir miséricordieusement pour nous, en immolant sa chair.  C'est lui, en effet, selon l'enseignement de l'Apôtre, qui s'est livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire. C'est lui, vrai Dieu et vrai grand prêtre, qui pour nous est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire en répandant non pas le sang des animaux, mais son propre sang. C'est ce que préfigurait le grand prêtre juif quand il entrait dans le sanctuaire, chaque année, en répandant le sang.  C'est donc lui qui, en lui seul, a présenté tout ce qu'il savait être nécessaire de réaliser pour notre rédemption. Oui, il était à la fois le prêtre et le sacrifice, à la fois Dieu et le temple. Prêtre dont la médiation nous réconcilie ; sacrifice qui opère la réconciliation ; temple dans lequel se fait notre réconciliation ; Dieu avec qui nous sommes réconciliés. Il est à lui seul le prêtre, le sacrifice et le temple, car, étant Dieu, il est tout cela selon la condition de serviteur. Mais il n'est pas Dieu à lui seul, car il l'est avec le Père et l'Esprit Saint selon la condition de Dieu. ~
Tu dois donc croire très fermement et sans aucune hésitation que l'unique Verbe de Dieu lui-même s'est offert pour nous à Dieu en sacrifice capable de lui plaire. C'est à lui, avec le Père et l'Esprit Saint, que les patriarches, les prophètes et les prêtres, au temps de l'ancienne Alliance, offraient des animaux en sacrifice ; et c'est à lui, avec le Père et l'Esprit Saint qui ont avec lui une même divinité, que la sainte Église catholique, dans le monde entier, ne cesse d'offrir le sacrifice du pain et du vin, dans la foi et la charité.  La chair de ces animaux immolés jadis préfigurait la chair du Christ que lui-même, étranger au péché, offrirait pour nos péchés ; elle préfigurait le sang qu'il répandrait pour le pardon de nos péchés. Mais dans notre sacrifice il y a l'action de grâce et la mémoire de la chair du Christ qu'il a offerte pour nous, et du sang que lui-même, Dieu, a répandu pour nous. Saint Paul, dans les Actes des Apôtres, dit à ce sujet : Veillez sur vous-mêmes et sur tout le troupeau où l'Esprit Saint vous a placés comme responsables pour être les pasteurs de l'Église de Dieu, qu'il a acquise par son sang.
Les sacrifices d'autrefois symbolisaient donc d'une manière figurative ce que nous aurions à donner. Dans le sacrifice d'aujourd'hui nous est montré clairement ce qui nous a déjà été donné. Les sacrifices d'autrefois annonçaient à l'avance que le Fils de Dieu serait mis à mort pour les impies. Le sacrifice d'aujourd'hui annonce qu'il a été mis à mort pour les impies. Saint Paul nous l'atteste : Le Christ, alors que nous n'étions encore capables de rien, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. Et encore : Quand nous étions encore ses ennemis, Dieu nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils.

Saint Fulgence de Ruspe, Lettre

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« Le Christ Jésus est notre grand prêtre, son corps est le sacrifice de notre rachat, qu'il a offert sur l'autel de la croix pour le salut de tous les hommes. Le sang répandu pour notre rédemption n'était pas celui des veaux et des boucs, comme dans la loi ancienne, mais de l'agneau très innocent, Jésus Christ notre Sauveur.  Le Temple où notre grand prêtre célébrait sa liturgie n'était pas bâti de main d'homme mais édifié par la puissance de Dieu seul. En effet, il a répandu son sang à la face du monde : celui-ci est bien un temple que seule la main de Dieu a pu bâtir. Le Temple a deux parties : l'une est la terre que nous habitons maintenant ; l'autre est encore inconnue des mortels que nous sommes. Tout d'abord notre grand prêtre a offert le sacrifice ici sur terre, lorsqu'il a subi une mort très amère. Mais ensuite, revêtu de l'habit d'immortalité, il est entré en vertu de son propre sang dans le Saint des saints, c'est-à-dire dans le ciel. Et là, il a présenté devant le trône du Père céleste ce sang d'une valeur infinie qu'il avait versé sept fois pour tous les hommes pécheurs. Ce sacrifice est si apprécié et agréé de Dieu que celui-ci, dès qu'il l'a vu, n'a pu refuser, prenant pitié de nous, d'accorder son pardon à tous ceux qui se repentent vraiment. En outre, ce sacrifice est éternel. Il n'est pas offert seulement chaque année, comme cela se faisait chez les Juifs. Il est offert chaque jour pour notre réconfort, et même à toute heure et à tout moment, pour nous réconforter plus puissamment. C'est à ce sujet que l'Apôtre ajoute : Il a obtenu une rédemption éternelle.  À ce sacrifice saint et éternel participent tous ceux qui ont conçu une contrition et une pénitence véritables pour leurs péchés, qui ont pris la ferme résolution de ne plus retomber dans leurs vices mais de persévérer courageusement dans leurs efforts pour acquérir les vertus. Saint Jean nous l'affirme par ces paroles : Mes petits enfants, je vous écris pour que vous évitiez le péché. Mais si l'un de vous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. il est la victime offerte pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier.  »

Saint Jean Fisher, Commentaire sur le Psaume 129

Chez le Père de Montfort

« Regardez les plaies et les douleurs de Jésus-Christ crucifié. Il vous le dit lui-même : “O vous tous qui passez par la voie” épineuse et crucifiée par laquelle j’ai passé, “regardez et voyez” : regardez des yeux mêmes de votre corps, et voyez par les yeux de votre contemplation, si votre pauvreté, votre nudité, votre mépris, vos douleurs, vos abandons sont semblables aux miens ; regardez-moi, moi qui suis innocent, et plaignez-vous, vous qui êtes coupables !” Le Saint-Esprit nous ordonne, par la bouche des Apôtres, ce même regard de Jésus-Christ crucifié ; il nous commande de nous armer de cette pensée, plus perçante et plus terrible à tous nos ennemis que toutes les autres armes. Quand vous serez attaqués par la pauvreté, l’abjection, la douleur, la tentation et les autres croix, armez-vous d’un bouclier, d’une cuirasse, d’un casque, d’une épée à deux tranchants, savoir de la pensée de Jésus-Christ crucifié. Voilà la solution de toute difficulté et la victoire de tout ennemi. »

Lettre Circulaire aux Amis de la Croix

 

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« Qui est, Seigneur, Dieu de vérité, cette mystérieuse montagne dont vous nous dites tant de merveilles, sinon Marie, votre chère Épouse, dont vous avez mis les fondements sur les cimes des plus hautes montagnes. Heureux et mille fois heureux les prêtres que vous avez si bien choisis et prédestinés pour demeurer avec vous sur cette abondante et divine montagne, afin d'y devenir des rois de l'éternité par leur mépris de la terre et leur élévation en Dieu, afin d'y devenir plus blancs que la neige par leur union à Marie, votre Épouse toute belle, toute pure et toute immaculée, afin de s'y enrichir de la rosée du ciel et de la graisse de la terre, de toutes les bénédictions temporelles et éternelles dont Marie est toute remplie. C'est du haut de cette montagne [que], comme des Moïse, ils lanceront par leurs ardentes prières des traits contre leurs ennemis pour les terrasser ou convertir. C'est sur cette montagne où ils apprendront de la bouche même de Jésus-Christ, qui y demeure toujours, l'intelligence de ses huit béatitudes. C'est sur cette montagne de Dieu qu'ils seront transfigurés avec lui comme sur le Thabor, qu'ils mourront avec lui comme sur le calvaire et qu'ils monteront au ciel avec lui comme sur la montagne des Oliviers. »

Prière embrasée

Dans le Magistère contemporain de l’Église

Mosaïque du Christ grand prêtre - P. Marko Rupnik - Séminaire pontifical français de Rome
Mosaïque du Christ grand prêtre - P. Marko Rupnik - Séminaire pontifical français de Rome

«  Mais à la splendeur de la révélation divine, le prêtre se montre revêtu d’une dignité beaucoup plus grande, déjà annoncée de loin par la mystérieuse et vénérable figure de Melchisédech (cf. Gn 14, 18), prêtre et roi, que rappelle saint Paul, en le rapprochant de la personne et du sacerdoce de Jésus-Christ lui-même (cf. Hb 5, 10 ; 6, 20 ; 7, 1. 10. 11. 15).

Le prêtre, suivant la magnifique définition qu’en donne le même saint Paul est, sans doute, un homme choisi parmi les hommes, mais établi pour les hommes dans les choses qui regardent Dieu (Hb 5, 1) : sa fonction n’a pas pour objet les choses humaines et transitoires, aussi hautes et estimables puissent-elles sembler, mais les choses divines et éternelles ;

choses dont, par ignorance, on peut se moquer et que l’on peut mépriser, auxquelles aussi on peut faire obstacle avec une malice et une fureur diaboliques, comme une triste expérience l’a souvent prouvé et le prouve même aujourd’hui, mais qui occupent toujours la première place dans les aspirations individuelles et sociales de l’humanité, cette humanité qui sent irrésistiblement qu’elle est faite pour Dieu et ne peut se reposer qu’en Lui. »

Encyclique de Pape Pie XI Ad catholici sacerdotii, sur le sacerdoce (1935)

 

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« Tout en n’ayant pas la charge suprême du pontificat et tout en dépendant des évêques dans l’exercice de leurs pouvoirs, les prêtres leur sont cependant unis dans la dignité sacerdotale ; et par la vertu du sacrement de l’Ordre , à l’image du Christ prêtre suprême et éternel (He 5, 1-10 ; 7, 24 ; 9, 11-28), ils sont consacrés pour prêcher l’Évangile et pour être les pasteurs des fidèles et célébrer le culte divin en vrais prêtres du Nouveau Testament. Participant, à leur niveau de ministère, de la charge de l’unique Médiateur qui est le Christ (1 Tm 2, 5), ils annoncent à tous la Parole de Dieu. C’est dans le culte ou synaxe eucharistique que s’exerce par excellence leur charge sacrée : là, agissant en la personne du Christ et proclamant son mystère, ils réunissent les vœux des fidèles au sacrifice de leur chef, représentant et appliquant dans le sacrifice de la messe, jusqu’à ce que le Seigneur vienne (cf. 1 Co 11, 26), l’unique sacrifice du Nouveau Testament, celui du Christ s’offrant une fois pour toutes à son Père en victime immaculée (cf. He 9, 11-28). En faveur des fidèles pénitents ou malades, ils remplissent, à un titre éminent, le ministère de la réconciliation et du soulagement ; ils présentent à Dieu le Père les besoins et les prières des fidèles (cf. He 5, 1-4). Exerçant, pour la part d’autorité qui est la leur, la charge du Christ, pasteur et chef, ils rassemblent la famille de Dieu, fraternité qui n’a qu’une âme, et, par le Christ, dans l’Esprit, ils la conduisent à Dieu le Père. Ils rendent à Dieu le Père, au milieu de leur troupeau, l’adoration en esprit et en vérité (cf. Jn 4, 24). Enfin, ils peinent à la parole et à l’enseignement (cf. 1 Tm 5, 17), croyant ce qu’ils lisent et méditent dans la loi du Seigneur, enseignant ce qu’ils croient, pratiquant ce qu’ils enseignent. »

Concile Vatican II, Constitution dogmatique Lumen genitum 28, §1 (on peut lire aussi LG 21) (1964)

 

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«  À la ressemblance de l’ordre des évêques dont ils constituent la couronne spirituelle, et à la grâce de qui ils participent par le Christ, éternel et unique Médiateur, les prêtres doivent grandir en amour pour Dieu et le prochain par l’exercice quotidien de leur tâche, garder entre eux le lien de la communion sacerdotale, être riches de tous les biens spirituels et offrir à tous un vivant témoignage de Dieu, émules de ces prêtres, qui le long des temps ont laissé, par leur service souvent humble et obscur, un éclatant exemple de sainteté. L’Église de Dieu proclame leur louange. Offrant pour leur peuple et pour tout le Peuple de Dieu, au titre même de leur charge, la prière et le sacrifice, conscients de ce qu’ils font et se conformant aux mystères qu’ils accomplissent, bien loin d’être entravés par les soucis, les périls et les épreuves apostoliques, ils doivent par là au contraire s’élever à une plus haute sainteté, en cherchant dans l’abondance de la contemplation de quoi nourrir et soutenir leur activité, pour apporter leur encouragement à l’Église entière de Dieu. Que tous les prêtres et ceux-là spécialement qui, au titre particulier de leur ordination, portent le nom de prêtres diocésains, se souviennent de ce que leur sainteté peut gagner à leur union fidèle et à leur généreuse coopération avec leur évêque. »

Concile Vatican II, Constitution dogmatique Lumen genitum 41, §3 (1964)

 

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« Mais il est autre chose que Nous Nous plaisons à ajouter, vu sa grande utilité pour éclairer le mystère de l'Eglise: celle-ci, jouant en union avec le Christ le rôle de prêtre et de victime, est tout entière à offrir le Sacrifice de la Messe et elle y est offerte tout entière. Cet admirable enseignement, déjà livré par les Pères a été, à une époque récente, exposé par Notre Prédécesseur Pie XII d'heureuse mémoire et en dernier lieu il a été formulé par le Ile Concile du Vatican dans la Constitution De Ecclesia à propos du Peuple de Dieu.

C'est Notre vif désir de le voir toujours davantage expliqué et plus profondément imprimé dans l'âme des fidèles, sans détriment de la juste différence de nature et non seulement de degré qui distingue le sacerdoce des fidèles du sacerdoce hiérarchiques Il n'est pas de doctrine plus apte à alimenter la piété eucharistique et à mettre en valeur la dignité de tous les fidèles comme aussi à presser les cœurs d'atteindre le sommet de la sainteté - lequel consiste simplement à se mettre tout au service de la Majesté divine par une généreuse offrande de soi-même. Il faut aussi rappeler la conclusion qui découle de cette doctrine concernant le caractère public et social de toute Messe. En effet, la Messe, même si elle est célébrée en particulier par un prêtre, n'est jamais pour autant une démarche privée mais elle est action du Christ et de l'Eglise, qui a appris à s'offrir elle-même, dans le sacrifice qu'elle offre, en sacrifice universel, appliquant au salut du monde entier la vertu rédemptrice unique et infinie du Sacrifice de la Croix.

Il n'est pas de Messe qui ne soit offerte pour le salut du monde entier et non seulement pour le salut de quelques personnes. Par conséquent, s'il est hautement convenable qu'à la célébration de la Messe les fidèles participent activement en grand nombre, il n'y a pas à blâmer mais au contraire à approuver la célébration de la Messe en privé, conformément aux prescriptions et aux traditions de la Sainte Eglise, par un prêtre avec un seul ministre pour la servir. C'est que cette Messe assure une grande abondance de grâces particulières au bénéfice soit du prêtre lui-même soit du peuple fidèle et de toute l'Église et même du monde entier, grâces qui ne pourraient être obtenues aussi largement par la seule Communion.

C'est pourquoi Nous recommandons avec une paternelle insistance aux prêtres, qui à un titre particulier sont dans le Seigneur Notre joie et Notre couronne, de rester conscients du pouvoir que I'Évêque consécrateur leur conféra d'offrir à Dieu le Sacrifice et de célébrer des Messes tant pour les vivants que pour les défunts au nom du Seigneur et de célébrer chaque jour la Messe en toute dignité et dévotion, afin qu'eux-mêmes et les autres fidèles profitent de l'application des fruits abondants issus du Sacrifice de la Croix. De cette façon ils contribueront grandement aussi au salut du genre humain. »

Bienheureux Pape Paul VI, Encyclique Mysterium Fidei, sur la doctrine et le culte de la sainte Eucharistie (1965)

 

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« L'Église vit continuellement du sacrifice rédempteur, et elle y accède non seulement par un simple souvenir plein de foi, mais aussi par un contact actuel, car ce sacrifice se rend présent, se perpétuant sacramentellement, dans chaque communauté qui l'offre par les mains du ministre consacré. De cette façon, l'Eucharistie étend aux hommes d'aujourd'hui la réconciliation obtenue une fois pour toutes par le Christ pour l'humanité de tous les temps. En effet, « le sacrifice du Christ et le sacrifice de l'Eucharistie sont un unique sacrifice ». Saint Jean Chrysostome le disait déjà clairement: « Nous offrons toujours le même Agneau, non pas l'un aujourd'hui et un autre demain, mais toujours le même. Pour cette raison, il n'y a toujours qu'un seul sacrifice. [...] Maintenant encore, nous offrons la victime qui fut alors offerte et qui ne se consumera jamais ».

La Messe rend présent le sacrifice de la Croix, elle ne s'y ajoute pas et elle ne le multiplie pas. Ce qui se répète, c'est la célébration en mémorial, la « manifestation en mémorial » (memorialis demonstratio) du sacrifice, par laquelle le sacrifice rédempteur du Christ, unique et définitif, se rend présent dans le temps. La nature sacrificielle du Mystère eucharistique ne peut donc se comprendre comme quelque chose qui subsiste en soi, indépendamment de la Croix, ou en référence seulement indirecte au sacrifice du Calvaire.

En vertu de son rapport étroit avec le sacrifice du Golgotha, l'Eucharistie est un sacrifice au sens propre, et non seulement au sens générique, comme s'il s'agissait d'une simple offrande que le Christ fait de lui-même en nourriture spirituelle pour les fidèles. En effet, le don de son amour et de son obéissance jusqu'au terme de sa vie (cf. Jn 10, 17-18) est en premier lieu un don à son Père. C'est assurément un don en notre faveur, et même en faveur de toute l'humanité (cf. Mt 26, 28; Mc 14, 24; Lc 22, 20; Jn 10, 15), mais c'est avant tout un don au Père: « Sacrifice que le Père a accepté, échangeant le don total de son Fils, qui s'est fait “obéissant jusqu'à la mort” (Ph 2, 8), avec son propre don paternel, c'est-à-dire avec le don de la vie nouvelle et immortelle dans la résurrection ». En donnant son sacrifice à l'Église, le Christ a voulu également faire sien le sacrifice spirituel de l'Église, appelée à s'offrir aussi elle-même en même temps que le sacrifice du Christ. Tel est l'enseignement du Concile Vatican II concernant tous les fidèles: « Participant au Sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu la victime divine, et s'offrent eux-mêmes avec elle ».

Encyclique du saint Pape Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia, sur l'Eucharistie dans son rapport à l’Église (2003)

 

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« Disons, précisément, que Jésus n'a pas offert quelque chose à Dieu, mais qu'il s'est offert lui-même et que cet acte de s'offrir lui-même se réalise précisément dans cette compassion, qui transforme en prière et en cri au Père la souffrance du monde. Dans ce sens, notre sacerdoce ne se limite pas lui non plus à l'acte cultuel de la Messe, dans lequel tout est remis entre les mains du Christ, mais toute notre compassion envers la souffrance de ce monde si éloigné de Dieu, est un acte sacerdotal, est prosphèrein, est offrir. C'est pourquoi, il me semble que nous devons comprendre et apprendre à accepter plus profondément les souffrances de la vie pastorale; car précisément là se trouvent l'action sacerdotale, la médiation, le fait d'entrer dans le mystère du Christ, de communiquer avec le mystère du Christ, très réel et essentiel, existentiel et ensuite sacramentel. […]

Franchissons à nouveau une étape: la Jérusalem véritable, le Salem de Dieu, est le Corps du Christ, l'Eucharistie est la paix de Dieu avec l'homme. Nous savons que saint Jean dans le Prologue, appelle l'humanité de Jésus " la tente de Dieu" eskènosen en hemìn (Jn 1, 14). Ici, Dieu lui-même a créé sa tente dans le monde et cette tente, cette Jérusalem nouvelle, véritable, est, dans le même temps sur la terre et au ciel, parce que ce Sacrement, ce sacrifice se réalise toujours entre nous et arrive toujours jusqu'au trône de la Grâce, à la présence de Dieu. C'est ici que se trouve la Jérusalem véritable, dans le même temps, céleste et terrestre, la tente, qui est le Corps de Dieu, qui comme Corps ressuscité demeure toujours Corps et embrasse l'humanité et, dans le même temps, étant Corps ressuscité, nous unit avec Dieu. Tout cela se réalise toujours à nouveau dans l'Eucharistie. Et nous, en tant que prêtres, nous sommes appelés à être des ministres de ce grand Mystère, dans le Sacrement et dans la vie. Prions le Seigneur qu'il nous fasse comprendre toujours mieux ce Mystère, de vivre toujours mieux ce Mystère et ainsi d'offrir notre aide afin que le monde s'ouvre à Dieu, afin que le monde soit racheté par Jésus. Merci. »

Lectio divina du Pape  Benoît XVI, Rencontre avec le clergé du diocèse de Rome (2010)

 

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« Nous ne pouvons oublier le grand nombre de chrétiens qui, dans le monde entier, en deux mille ans d’histoire, ont résisté jusqu’à la mort pour défendre l’Eucharistie; et ceux qui, aujourd’hui encore, risquent leur vie pour participer à la Messe du dimanche. En l’an 304, au cours des persécutions de Dioclétien, un groupe de chrétiens, d’Afrique du Nord, furent surpris alors qu’ils célébraient la Messe dans une maison et furent arrêtés. Le proconsul romain leur demanda, au cours de l’interrogatoire, pourquoi ils l’avaient fait, sachant que cela était absolument interdit. Et ils répondirent : « Nous ne pouvons pas vivre sans le dimanche », ce qui voulait dire : si nous ne pouvons pas célébrer l’Eucharistie, nous ne pouvons pas vivre, notre vie chrétienne mourrait.

En effet, Jésus dit à ses disciples : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 53-54).

Ces chrétiens d’Afrique du Nord furent tués parce qu’ils célébraient l’Eucharistie. Ils ont laissé le témoignage que l’on peut renoncer à la vie terrestre pour l’Eucharistie, parce que celle-ci nous donne la vie éternelle, en nous faisant participer à la victoire du Christ sur la mort. Un témoignage qui nous interpelle tous et exige une réponse sur ce que signifie pour chacun de nous de participer au sacrifice de la Messe et de nous approcher de la Table du Seigneur. Cherchons-nous cette source « jaillissante d’eau vive » pour la vie éternelle ? Qui fait de notre vie un sacrifice spirituel de louange et d’action de grâce et fait de nous un seul corps avec le Christ ? Tel est le sens le plus profond de la sainte Eucharistie, qui signifie « action de grâce » : action de grâce à Dieu le Père, Fils et Saint-Esprit qui nous englobe et nous transforme dans sa communion d’amour.  »

Catéchèse du Pape François, 8 novembre 2017